La tête dans les nuages

Comme certains de mes élèves le savent, j’aime observer les étoiles, lever les yeux au ciel et avoir la tête dans les nuages – bien que je sois sans cesse à l’affût des élèves dans la lune. Je vous chasse, je vous poursuis pour vous ramener sur terre, et pourtant, je ne peux pas vous en vouloir.

Enfin, presque. Pas toujours, disons.

Au début de l’année, en mars 2015, j’ai maudit le climat de Meaux – vous savez, cette horrible brume grise et froide qui règne sur la ville à peu près huit mois sur douze, yeurk – parce qu’elle m’a empêchée de m’extasier devant l’éclipse solaire ; et par conséquent, parce qu’elle vous en empêchait aussi.

Passons sur le fait que nous devions vous garder cloîtrés, histoire que vous ne vous explosiez pas les yeux, et que rien n’avait été prévu pour vous permettre de l’observer, alors que c’est quand même un truc absolument génial. Ne dites pas le contraire, je vous ai vus complètement excités et j’ai même dû vous empêcher de sortir jeter un coup d’œil !

A la place, tout comme vous, j’ai dû me contente d’une vidéo…sans danger. Et pour cause, il ne faut jamais observer une éclipse solaire sans prendre des précautions. Mais avant d’en parler, et si vous regardiez ce qu’il se passait aux îles Feroe, où l’éclipse était totale ? La nuit en plein jour, c’est quand même sacrément impressionnant. (P.S : ne vous tapez pas les 2H30 de vidéo ; cliquez directement vers 1H10, quand la nuit de l’éclipse laisse place au jour)

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TEDx (Technology-Entertainment-Design)

TEDx est un projet que je connais depuis quelques temps, et auquel j’ai immédiatement accroché. Tapez sur youtube, ou sur google, et vous tomberez directement sur… des vidéos. Celles-ci sont plutôt courtes ; il s’agit en fait de conférences internationales. Le but de TED, c’est de partager des idées et surtout une passion : celle de la connaissance. Si vous êtes curieux, ce projet est fait pour vous ! Vous y trouverez un peu de tout… et notamment :

Comment un ver marin m’a révélé le secret du sang universel ? Franck Zal nous explique qu’il étudiait des vers, sur les plages bretonnes. Pff, à quoi ça sert ? Diront certains (et certains le lui ont dit !) A découvrir, pardi ! En l’occurrence, Franck Zal ne s’y attendait pas, et pourtant : le sang de ces vers… est un sang universel. Autrement dit, il peut sauver bon nombre de vies.

Parce qu’on a peur de la mort, qu’on tente de la repousser, Laurent Alexandre nous parle du recul de la mort. « Ma conviction personnelle est que certains d’entre vous dans cette salle vivront mille ans. » Mince, je n’étais pas dans la salle !

Enfin, Catherine Vidal s’intéresse aux cerveaux : Le cerveau a-t-il un sexe ? On a longtemps considéré que les femmes possédaient un cerveau plus petit que celui des hommes, et par conséquent qu’elles seraient moins intelligentes… ou pas.

Je me suis décidée à vous parler de ce projet lorsque je suis tombée sur l’une des vidéos, dans laquelle apparaît Cédric Villani.

Qui c’est celui-là ? Un mathématicien au style excentrique ; il porte une lavallière ainsi qu’une araignée accrochée à sa veste. C’est un homme fascinant, passionné et pour ma part – passionnant.

Berk, des maths, me direz-vous … Bon, je ne peux pas vous en vouloir, même si j’ai personnellement aimé les maths (jusqu’à un certain point, disons, le lycée. Au-delà, j’ai pris la tangente, autrement dit j’ai foncé en filière littéraire).

Alors pourquoi je l’aime, ce mec ? (avec des petits cœurs dans les yeux, en mode groupie, tout ça tout ça). Parce que c’est un génie, mais un génie accessible. Du genre, qui vous donnerait presque ENVIE de faire des maths. Pas pour la beauté des formules (quoique cela ressemble assez à un langage secret), mais parce que lui, il kiffe ça.

Cédric Villani - http://cedricvillani.org
Enjoy ! http://cedricvillani.org

Je suis tombée sur lui un jour, par hasard (façon de parler, bien que j’aimerais le rencontrer) à la TV. Il ressemblait assez à un allumé, mais un allumé cohérent, qui vous donne envie d’en savoir plus, de voir le monde par ses yeux. Je me suis alors procuré son livre, Théorème vivant. Vous allez me dire (encore), BEURK, un théorème ! Oui, mais celui-là, il a deux jambes, deux bras, deux yeux, et surtout un sacré cerveau…. et le pire, c’est qu’il est HUMAIN ! Oui, il aime la musique et fait du stop pour aller à des concerts ; oui, il aime la littérature et parle aussi bien de Victor Hugo que de mangas comme Black Jack ; oui, il aime le fromage et déprime à l’étranger parce qu’il est en manque ; oui, il est polyglotte (quoiqu’avec un accent à couper au couteau), oui, il voyage un peu partout et rencontre des gens du monde entier pour partager ses passions ; oui, il a une famille et des enfants auxquels il explique le monde qui les entoure – en leur racontant des histoires… ou des mystères scientifiques. Vous ne trouvez pas ça chouette ?

Moi, si. Fascinant.

« On me demande souvent à quoi ressemble la vie d’un chercheur, d’un mathématicien, de quoi est fait notre quotidien, comment s’écrit notre œuvre. » Théorème vivant, de Cédric Villani

Si vous voulez entrer dans la tête d’un génie, allez-y, lisez-le. Vous ne comprendrez pas certains passages, mais tant pis ! Honnêtement, on s’en moque car ce n’est pas le but. Ce qui est fou, en revanche… c’est qu’on a envie de comprendre, comme les enfants de huit ans qui l’écoutent avec émerveillement.

« La nuit, c’est le plus bel endroit du monde. Si vous avez de la chance, vous entendrez les cerfs bramer, vous contemplerez les reflets de la lune miroitant dans les eaux noires, et vous sentirez passer les spectres de certains des plus puissants esprits du vingtième siècle, formant une brume invisible au-dessus de l’étang. »

Je vous laisse découvrir la vidéo TEDxParis ou Cédric Villani s’intéresse à la naissance d’une idée.. et croyez-moi, ce qu’il dit vaut aussi bien en science qu’en littérature. Ce n’est pas facile de mener une idée à bien ; mais c’est une sacrée aventure.

L.P.

> POUR ALLER PLUS LOIN

Le site de Cédric Villani

Sa page sur le site de TEDxParis

Les autres vidéos de TEDxParis

Par un beau jour de printemps, Mme P. la touriste, se dit …

… et si j’allais voir des morts ? HMM.

Lorsque des amis m’embarquèrent visiter les catacombes de Paris, je savais qu’il allait falloir attendre. Je ne fus donc pas surprise de voir que de nombreuses personnes attendaient d’y entrer. J’étais prévenue, le site lui-même l’annonçait. Mais quand même, à ce point là… ? La queue formait un véritable rond point autour d’un parc. Je n’aurais pas dit non à une chaise longue ; quitte à trépigner deux heures, deux heures trente, autant le faire en se prélassant, en touriste qui se respecte. Je peux vous dire qu’à force de piétiner, j’avais les jambes qui tremblotaient. C’est pire qu’une file d’attente de Disneyland, et la seule consolation c’est que que la visite dure plus longtemps qu’un tour de manège (…).

Cela dit, peut-être que l’estomac de certains visiteurs se renversera : n’oublions pas, les Catacombes, c’est un cimetière. En entrant dans les catacombes, vous devez vous souvenir que vous allez voir des os, certes, mais des os humains. Par centaines, par milliers, par dizaine de milliers, par millions même ! Croyez-moi, c’est plutôt étrange. Et pourtant, il est tellement difficile de se dire « « ça », c’était un homme ». « « ça » a vécu… comme moi ». et surtout… « je finirai comme « ça » ». Hmm. Malaise.

Mais avant de voir « ça » : dites-moi, qu’est ce que c’est au juste, des catacombes ?

Le mot vient du grec « cata » (en bas) et du latin « tumba » (tombe) ; en bref, je vous le donne en mille, des tombes au 36è dessous. Des catacombes sont, à l’origine, des cimetières souterrains. Les parois des galeries sont creusées de manière à contenir des tombeaux superposés.

Les catacombes de Paris sont un peu différentes toutefois, et pour cause : à l’origine, on ne les destinait pas à recueillir des corps. Ce n’était que de simples carrières. On creusait donc des galeries pour extraire des pierres afin de construire Paris. Mais alors, d’où viennent tous ces os … ? Je veux dire, à part des visiteurs morts devant l’entrée, en attendant d’y entrer… ? 😉

L’histoire des Catacombes.

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A la fin du 18e siècle, Paris ne sait plus quoi faire de ses cadavres.(Pourriez pas mourir ailleurs?) Les cimetières sont de véritables charniers, notamment le cimetière des Innocents. On y enterre et on y entasse de nombreux morts. Il y a trop de cadavres, qui mettent du temps à se décomposer, à tel point que des épidémies se déclarent. Pus ragoûtant, tu meurs.

En 1785, l’État décide alors de déplacer le cimetière des Innocents (facile ! On déménage). Des anciennes carrières souterraines abandonnées sont aménagées, et l’on y transporte les ossements. Plus de 150 cimetières émigrent alors dans les Catacombes, avec leur baluchon sur le dos. Il faut dire qu’il y a de la place pour tout le monde : 11 000m² ! Les premiers ossements sont jetés en vrac mais un homme décide en 1810 d’en faire un véritable monument au mort : Héricart de Thury, inspecteur général des carrières (dont vous et moi n’avons jamais entendu parler auparavant… qu’il repose en paix, d’ailleurs.)

Désormais, les os seront bien rangés. Je me demande qui par ailleurs a bien pu s’amuser à faire un cœur à l’aide de crânes humains.

Photos des catacombes

Une mise en scène de la mort.

Les Catacombes ne sont pas « juste » un cimetière : c’est avant tout une mise en scène de la mort. Les os sont bien rangés, empilés, et de nombreuses citations annoncent la couleur : attention, mec, tu vas mourir. C’est le lot de tous… et toi non plus, mécréant, tu n’y échapperas pas !

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« Tu es poussière et tu redeviendras poussière », peut-on lire dans la Bible.

Bible ou pas, le constat est le même :

La vanité de l’existence.

L’existence est vaine. Inutile et vide, elle ne mène qu’à la mort, si bien qu’on peut la considérer … sans intérêt. Memento mori : souviens toi que tu vas mourir. Les catacombes m’ont fait penser à des tableaux que l’on appelle justement des Vanités. C’est un genre pictural qui représente la fragilité de la vie humaine, qui reste vouée à la destruction. Voyez vous-mêmes.

Charles Allan Gilbert
All is vanity, de Charles Allan Gilbert (1892)

Très optimiste, n’est-ce pas ? Ça donne envie !

Et pourtant. Rappelons-nous que nous n’avons qu’une existence. Que certes, nous sommes destinés à mourir. Qu’à l’échelle de l’univers, nous ne vivons QUE cent ans, et encore. Mais justement. Pourquoi ne pas en profiter à fond ? « Vivre chaque jour comme le dernier », dixit ce chanteur que je ne nommerai pas (et je trucide quiconque viendra me mettre cette satanée chanson en tête), et qui n’a rien inventé ? Nombreux sont les écrivains qui ont parlé du Carpe diem. C’est toujours d’actualité.

Carpe diem signifie « cueille le jour. »

Autrement dit : On n’a pas le temps de s’ennuyer.

Alors, profite.

L.P.

Les films engloutis

de Guillaume Néry, Julie Gautier : mais qui sont-ils ?

Ce couple pratique un sport de haut niveau : l’apnée en profondeur.

  • Guillaume Néry bat à plusieurs reprises le record du monde ; il est champion du monde d’apnée en profondeur. En 2013, il descend jusqu’à -125 mètres !

  • Julie Gautier détient quant à elle plusieurs records de France d’apnée en profondeur (-68mètres).

Quelques précisions sur ce sport : tous deux plongent en catégorie « poids constant », c’est-à-dire qu’ils descendent sans poids, sans lest pour les y aider, et seulement à l’aide de palmes…! (ou pas, d’ailleurs.)

Imaginez la résistance et l’entraînement qu’il faut pour retenir sa respiration tout en faisant l’effort de nager, le tout à une certaine profondeur où le volume de nos poumons doit très certainement se rétracter sous la pression… Il faut savoir qu’un entraînement régulier permet d’augmenter la capacité de la cage thoracique. Celle de Guillaume Néry est de 9 litres, c’est-à-dire qu’il emporte jusqu’à 9 litres d’air lorsqu’il plonge, contre 5 litres pour un individu non entraîné.

Moi je dis : chapeau.

Mais ce ne sont pas seulement des plongeurs, des sportifs, ce sont également des artistes. À la fois auteurs et réalisateurs, Guillaume Néry et Julie Gautier ont réalisé plusieurs courts-métrages dans lesquels J.G filme en apnée son compagnon. Facile, n’est-ce pas … ! C’est de ses vidéos que je vais vous parler, parce qu’elles m’ont bluffée ; elles m’ont certes fait découvrir un sport que je ne connaissais que de nom, mais surtout emmenée dans des endroits qui font rêver.

Je crois que c’est ça, une passion ; ça vous emporte partout, et dans l’inaccessible, surtout.

Esthétisme et performance

Julie Gautier, sur son blog, déclare :

« Depuis toujours, Guillaume voulait faire une vidéo qui ferait le lien entre les différents éléments : air, terre, eau. Notre but était de faire un film très visuel et novateur en terme de prise de vue sous-marine. […]
Je tiens à préciser que cette réalisation est une fiction. Nous avons bien réalisé les images en apnée mais ne sommes pas allés au fond du trou. Nous avons voulu justement montrer une forme de l’apnée qui s’éloigne de tout exploit sportif pour mettre en avant le potentiel artistique de cette discipline.
Ce film a nécessité quatre après-midis de tournage. Les prises de vues ont été faites en apnée uniquement et avec une seule caméra. Le script et le montage sont le fruit exclusif de notre travail et imagination. »

Leurs trois vidéos principales sont Free Fall (Chute libre), Narcose et Ocean Gravity.


Free Fall :

Guillaume Néry marche au bord d’un gouffre sous-marin, le Dean’s Blue Hole, trou bleu le plus profond du monde (-202 mètres). N’oublions pas que Julie Gautier filme, elle aussi en apnée… !

J’ai vraiment accroché à cette première vidéo, ne serait-ce qu’à cause de la musique d’Archive, You make me feel, qui accompagne parfaitement les mouvements de Guillaume Néry. Comme le conseille le site, éteignez la lumière, mettez votre casque et… profitez.


Narcose :

La pratique de l’apnée en grande profondeur expose les apnéistes à un phénomène de narcose, qui induit plusieurs symptômes, dont un sentiment d’euphorie et de légèreté qui lui a valu son surnom d’« ivresse des profondeurs ». Cette narcose peut provoquer des sortes de visions, d’hallucinations.

« J’ai choisi les narcoses les plus visuelles et les plus percutantes, et j’y ai glissé une peu de notre histoire personnelle et de mon imaginaire. Le résultat est un film hybride entre le documentaire et la fiction, véritable témoignage de notre rapport à l’eau.» (Julie Gautier, sur le site officiel)

Cette page est très intéressante pour se rendre compte du financement et du soutien nécessaires à un tel projet. Tourner dans un tel décor, aussi beau soit-il, n’est pas gratuit. Il faut un matériel adapté et cher ; c’est pourquoi Julie Gautier a du lancer un appel aux contributeurs.


Ocean Gravity :

Les fonds obscurs de la mer ressemblent, en bien des points, à l’espace sans fin. Dans l’eau, il n’y a plus réellement de terre ferme où poser les pieds, plus de ciel vers lequel lever la tête. Ni de haut, ni de bas. L’eau et le vide vous entourent. Pour ceux qui rêvent des étoiles, voyez, voyez comme l’on peut marcher sur la lune, sans respirer jamais.

J’aime tout particulièrement le passage vers 2min05, que la musique de The Glitch Mob, How to be eatin by a woman, porte avec une certaine forme de magie.

Pour conclure …

Ça ne vous donne pas envie .. ? Moi, si. Mais je dois avouer que je nage comme une clef à molette. Alors, je me contente de rêver…

Vous pouvez retrouver Guillaume Néry sur son site ou sur son facebook.

Tous leurs projets artistiques (que ce soit au cinéma, dans des clips, des documentaires ou à travers la publicité), sont disponibles sur leur site officiel Les films engloutis.

Mise à jour du 18/09/15 :

Retrouvez Guillaume Néry ainsi qu’une autre plongeuse, Alice Modolo, dans le clip d’une chanson de Beyoncé en duo avec Arrow Benjamin : Runnin’ (Lose it all).

L.P.